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  • reboot116

+2°C : On ne chauffe plus la piscine ?

Dernière mise à jour : 10 juil. 2023

C’est quoi un monde à +1.5°C ? Et à 5°C ? Un pull en moins ?🧣Pas besoin de chauffer les terrasses en hiver ? 💡 Une entrée fastoche dans l’eau pour une baignade en mai ? ☀️Du soleil assuré pour nos vacances au ski ? 🎿 Parce que nous aussi on est parfois perdu, on voulait te faire un récap de ce que veut vraiment dire un monde à +1.5°C, et encore pire à +5°C. Ce n’est pas juste un pull en moins…


La situation actuelle du réchauffement climatique


Comme l’a confirmé le 1er volet du 6ème rapport du GIEC en avril, nous sommes aujourd'hui face à une augmentation de la température moyenne à la surface de la Terre de +1.1°C par rapport au niveau de l'ère pré-industrielle. Toujours dans ce même rapport, le GIEC a établi des scénarios de réchauffement climatique :

  • le plus optimiste nous conduit à contenir le réchauffement à +1.5°C d’ici 2030-2040, puis une baisse à +1.4°C d’ici 2100.

  • le plus pessimiste prévoit un réchauffement entre +3.3°C et +5.7°C d’ici 2100.


Tous les scénarios scientifiques du GIEC prévoient donc que la planète connaîtra un réchauffement d’au moins +1,5°C :

Source : 6ème rapport du GIEC, résumé pour les décideurs

Mais concrètement qu’est-ce que cela veut dire ?



D’où vient cet objectif de +1.5°C ?


En 2015, la Conférence des Parties n°21 (COP21) qui a eu lieu à Paris a donné lieu à la signature des Accords de Paris par 196 parties. Ce traité international concerne l'atténuation et l'adaptation au changement climatique ainsi que le financement de ces enjeux. L'objectif à long terme de l'Accord de Paris est de maintenir la température moyenne à la surface de la Terre bien en dessous de +2°C par rapport aux niveaux préindustriels (1850-1900), et de préférence de limiter le réchauffement à +1.5°C.


Comme l’a montré la datavisualisation de la NASA réalisée en Mars 2022, le réchauffement climatique est bien visible :


Certes le climat change naturellement depuis des milliers d’années, mais le constat est aujourd’hui implacable : on voit très nettement une augmentation de la température à la surface de la Terre depuis 2000. Le GIEC en est désormais certain : l’activité humaine est responsable à 100% de ce réchauffement inédit par son ampleur et sa rapidité.


“It is unequivocal that human influence has warmed the atmosphere, ocean and land. Widespread and rapid changes in the atmosphere, ocean, cryosphere and biosphere have occurred.”

GIEC : 6ème rapport, Résumé pour les décideurs, premier volet (AR6 SPM- page 4). (1)




Que signifie un monde à +1.5°C vs 2°C ?


“Il est probable que le réchauffement planétaire atteigne +1.5°C entre 2030 et 2052 s’il continue d’augmenter au rythme actuel (degré de confiance élevé).“

Rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement à +1.5°C du GIEC, 2019. (2)


  • Des changements climatiques d’ampleur régionale : une hausse des températures extrêmes, une augmentation en fréquence de l’intensité et/ou l’abondance des épisodes de fortes précipitations ; une augmentation en intensité ou en fréquence des périodes de sécheresse dans certaines régions.

La limitation du réchauffement planétaire à +1.5 °C, par rapport à un maintien en deçà de +2°C, réduirait sensiblement ces risques cités ci-dessus.


🌡 C’est du concret : en Europe par exemple, la canicule de 2003 a causé 70 000 morts en quelques semaines.


  • Des risques pour les systèmes naturels : les risques de disparition d’espèces locales et risques d’extinction d’espèces sont moindres dans un monde à +1.5°C que dans un monde à +2°C. D’après le GIEC (2), “la limitation du réchauffement planétaire à 1.5°C plutôt qu’à 2°C devrait donner lieu à des impacts moindres sur les écosystèmes terrestres, d’eau douce et côtiers et mieux préserver les services qu’ils rendent aux êtres humains”.


🦍 C’est du concret : 68% des populations vertébrées ont disparu depuis 40 ans (déclin 100 à 1000 fois supérieur à celui observé au cours des temps géologiques) (3).


  • Impacts sur les océans : le réchauffement et l’acidification des eaux océaniques associés à un réchauffement planétaire de 1,5°C auraient des répercussions sur un panel d’organismes et d’écosystèmes marins, ainsi que sur l’aquaculture, la pêche et d’autres secteurs influant ainsi directement les écosystèmes humains.


🌎 C’est du concret : par exemple, le Nord-Est de l'océan Pacifique a connu un nouveau record historique de vague de chaleur marine entre 2013 et 2015 avec des anomalies de température atteignant 6°C au sud de la Californie, ce qui a augmenté la mortalité des otaries, des baleines, des oiseaux marins et a favorisé la prolifération de microalgues toxiques et le blanchiment des récifs coraliens.


  • Hausse du niveau des mers : À l’horizon 2100, l’élévation du niveau moyen de la mer à l’échelle du globe en cas de réchauffement planétaire de 1,5°C devrait être inférieure de 10 cm environ à celle correspondant à un réchauffement de 2°C.


🌊 C’est du concret : “L’intensification du réchauffement amplifie l’exposition des petites îles, des zones côtières de faible altitude et des deltas aux risques liés à l’élévation du niveau de la mer pour de nombreux systèmes humains et écologiques, et notamment à l’accroissement des invasions d’eau salée, des inondations et des dégâts causés aux infrastructures.”(2).


  • L’intensification des phénomènes extrêmes comme les cyclones, les ouragans ou les typhons. “Les fortes précipitations qui accompagnent les cyclones tropicaux devraient être plus intenses à 2°C qu’à 1,5°C de réchauffement planétaire” (2).


🌪 C’est du concret : on se souvient encore de Sandy (2012), Irma (2017), Harvey (2017) et Dorian (2019) qui ont fait des milliers de morts.


  • Perturbation du cycle de l’eau : la capacité de stockage de l’eau dans l’atmosphère varie en fonction de sa température. Plus la température augmente, plus l'évaporation est favorisée et la quantité d’eau stockée sous forme de vapeur d’eau s'accroît ce qui accroît par exemple les risques de fortes précipitations, puis d'inondations.


💧 C’est du concret : l’année 2021 a battu des records de pluies diluviennes dans les territoires d’Outre-Mer, depuis les années 80. En Guyane par exemple, “une pluviométrie qui équivaut à six années de pluie à Quimper”... La Bretagne n’a qu’à bien se tenir !


  • Risques liés à la santé, à la nutrition et à la croissance économique : les risques liés au climat pour la santé, les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, l’approvisionnement en eau, la sécurité des personnes et la croissance économique devraient augmenter en cas de réchauffement planétaire de 1,5°C, et même davantage en cas de réchauffement de 2°C, toujours selon le GIEC (3).


😷 C’est du concret : la dengue continuera aussi son expansion tant le climat se réchauffe. Le nombre d’infections s’élève entre 50 et 100 millions chaque année avec deux types de moustiques qui ont déjà vu leur capacité vectorielle à transmettre augmenter de 3% et 6% depuis 1990.


  • Fonte des glaces : toute élévation additionnelle de la température entraînerait également la fonte accélérée des glaciers.


🗻 C’est du concret : le mercredi 28 juillet 2021, ​​le Groenland a vécu sa troisième plus grande perte de glace en une seule journée depuis 1950.


“La limitation du réchauffement à 1,5°C peut être appréhendée sous l’angle des « impacts évités » par rapport à un réchauffement plus important. La majorité des impacts du changement climatique (...) sont assortis d’un risque moindre à 1,5°C qu’à 2°C.”

> Rapport spécial sur les conséquences d’un réchauffement à +1.5°C du GIEC, 2019. (2)


Pour comprendre concrètement les différents changements, ce tableau de Bon Pote nous rappelle les changements au niveau français et européen :



Et +5°C c’est la fin du monde ?


Quand vous regardez la météo le soir avant le JT, vous pouvez voir des différences d’un jour à l’autre de 5°C. Vu comme ça, c’est vrai que c’est pas très alarmant. Mais en température moyenne à la surface de la Terre, +5 °C c’est la différence qui existe entre notre ère interglaciaire actuelle et une ère glaciaire. Concrètement, la température sur la surface de la Terre s’est réchauffée de 5°C… en 20 000 ans. Glaglagla…

Dans le scénario le plus pessimiste, c’est donc un monde totalement différent, très loin de celui que l’on connaît aujourd’hui.


Personne ne sait exactement l’état du monde à +5°C tant le différentiel avec notre monde actuel est élevé.


Dans un monde qui se réchauffe de quelques degrés, disons 4 à 5 degrés d'ici à 2100, il y aurait à partir de 2070 entre 1,5 et 3 milliards d’humains sur terre qui devraient vivre dans des conditions qui sont plus chaudes que le Sahara actuel. Et il y aurait 1 milliard de personnes qui vivraient donc dans des zones dans lesquelles, à peu près tous les jours de l'année, les conditions extérieures seraient mortelles.”

Jean-Marc Jancovici, ingénieur diplômé de Polytechnique et membre du Haut Conseil pour le Climat.



Mais il n’est pour autant pas trop tard et chaque degré compte 💪🏼


Pour remplir l’objectif des Accords de Paris (contenir le réchauffement à +1.5°C par rapport au niveau de l’ère pré-industrielle) il faut que la courbe des émissions mondiales infléchisse avant 2025. Nous avons donc 3 ans seulement pour remplir cet objectif.


Dans son 3ème volet sorti en avril 2022, le GIEC avance que pour limiter le réchauffement à 1,5°C, il faut que les émissions de GES atteignent leur pic avant 2025 au plus tard et qu’elles soient réduites de 43% d’ici à 2030.


Dernier point : ne pas confondre météo et climat

De nombreux amis me font souvent la remarque (pour me taquiner en tant qu’écolo de la bande j’imagine) quand il fait trop froid ou qu’il pleut que le réchauffement climatique n'est clairement pas encore arrivé. C’est la confusion (assez humaine, pour ceux qui ne se sont pas penchés sur le sujet) entre météo et climat.

Rappelons le : la météo est le temps qu’il fait aujourd’hui, cela correspond à des valeurs instantanées et locales. Le climat correspond à des valeurs moyennes, prises sur le long terme et à grande échelle.


  • ☀️ 🌨 ❄️ = court terme et local

  • 🌪 🔥 🌍 = long terme et grande échelle


Une note positive ? 😎


Le coût de la transition est estimé moindre que les conséquences économiques du réchauffement à +2°C. (1)

Alors on s’y met tous ? La finance doit clairement faire partie de la solution !



Sources :


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