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Les résultats de la COP26

Dernière mise à jour : 11 déc. 2021

En 1997, Kyoto a été présenté comme un succès. En 2009, Copenhague a au contraire été « un gros échec ». La COP21 à Paris fut un grand succès : les Accords de Paris sont nés. A chaque Conférence Des Parties de l’ONU, les grands décideurs, ONG, lobbys et entreprises se rencontrent pour parler des enjeux environnementaux et en particulier du climat. Mais le résultat reste le même, les émissions de gaz à effet de serre ne cessent d’augmenter.


La COP 26 est la Conférence des Parties qui a réuni 196 nations en Novembre à Glasgow. Pour rappel, la Conférence des Parties (COP) est un sommet annuel faisant partie de la Convention-Cadre des Nations unies sur le Changement Climatique (CCNUCC), traité signé le 21 mars 1994. Depuis, 25 conférences comme la dernière en Écosse, ont eu lieu chaque année afin de discuter des engagements des pays en matière de lutte contre le changement climatique.

Normalement, si les principes de la Conférence des Parties sont respectés :
· Tous les pays signataires ont le même pouvoir de négociation (ou au moins le même mot à dire)
· L’accord final est pris unanimement, d’où la difficulté et le « succès » annoncer dès qu’un accord commun est trouvé.


Quels étaient les enjeux de la COP 26 ?


Contexte

Lors de la COP 21, très médiatisée en France avec la signature des Accords de Paris en 2015, il a été convenu qu’aurait lieu tous les cinq ans une évaluation des progrès effectués par rapport aux engagements pris par l’ensemble des nations signataires.[1]

La COP à Glasgow devait se tenir initialement en 2020, mais faute de la pandémie Covid, celle-ci a été reportée en 2021. La temporalité de cette COP 26 intervient bien après le début de la crise du coronavirus qui a vraisemblablement questionné les modes de vie actuels et relancer les débats écologiques. Alors que les bénéfices d’un arrêt de l’économie mondiale sur les émissions de gaz à effet de serre ont pu être observés, il est temps pour les nations de prévoir leur plan de relance, dans lesquels l’écologie est parfois mentionnée comme une priorité nationale et internationale.

Trois mois avant le début de la COP 26, le dernier rapport du GIEC[2] a été publié le 9 août 2021 et assure la totale responsabilité de l’activité humaine sur la hausse de la température à la surface de la Terre. Celle-ci aurait d’ailleurs d’ores et déjà augmenté de 1.1°C depuis l’ère préindustrielle et atteindrait le seuil critique d’1.5°C d’ici 2030 si les émissions de GES continuent à augmenter ainsi.


Objectifs

Certains sujets cruciaux étaient restés en suspens lors de la COP 25 à Madrid en 2019 comme le soutien financier apporté aux pays en voie de développement et la prévention des pertes économiques des pays les plus vulnérables face aux conséquences du changement climatique ainsi que la régulation des marchés du carbone et de ses crédits.[3] En lien avec l’examen des progrès réalisés attendu depuis la COP 21, la COP 26 a aussi l’occasion de finaliser le manuel d’application de l’Accord de Paris : l’heure est donc plutôt à l’action concrète plutôt qu’aux engagements déclaratifs.

En outre, la COP 26 a eu pour objectif de planifier la sortie mondiale du charbon.


Les résultats


Plutôt positifs

L’accord final trouvé et signé unanimement par 196 nations requiert les pays d’avoir des engagements de réductions des émissions plus soutenus d’ici la fin 2022. L’objectif final est de réduire les émissions globales de GES de 45% d’ici 2030 par rapport au niveau de 2010. Initialement, le texte mentionnait la sortie des énergies fossiles et des subventions liées mais a été rapidement remplacé par « une réduction progressive » de l’utilisation des énergies fossiles et des subventions « inefficaces ».

La France a rejoint un accord mettant fin aux financements à l’étranger de projets d’exploitation d’énergies fossiles sans techniques de capture du carbone d’ici à la fin 2022. Cet accord rassemblait déjà 39 pays. A noter que l’arrêt de ces financements ne concernent que les subventions publiques des pays et donc pas les investissements privés émis par des banques ou des fonds.

Une nouvelle alliance qui rassemble une dizaine de pays, dont la France, prévoit de ne plus délivrer de permis d’exploration et de production d’hydrocarbures. Mais l’Alliance BOGA (Beyond Oil and GAs) ne correspond, avec ses pays signataires, qu’à 1% de la production mondiale de pétrole, pas sûr que cela est encore beaucoup d’impact !

Le sujet des énergies fossiles est enfin sur la table : même si le texte final a subi de nombreuses modifications par rapport à la première version du texte, ce sujet crucial est enfin mentionné et c’est une première.

Première mention du sujet du méthane, deuxième gaz à effet de serre après son copain le CO2. De cela est né le Global Methane Pledge qui engage 109 pays à réduire de 30% leurs émissions de méthane d’ici 2030 par rapport aux émissions de 2020.

L’adoption de l’article 6 de l’Accord de Paris lors de la COP 26 est un succès : il permet aux pays de coopérer dans l’atteinte de leurs objectifs de neutralité carbone. Rappelons que la neutralité carbone est un concept global qui doit considérer l’ensemble des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Ainsi, le marché carbone actuel va s’aligner avec les nouvelles règles adoptées et ainsi proposer aux pollueurs payeurs des crédits carbone conformes à l’Accord de 2015. Le revers de la médaille de ceci est que le pays ou entreprises riches pourront toujours émettre sans mettre en place des actions concrètes de réduction des émissions et que les crédits carbone peuvent accentuer les tentatives de greenwashing.

L’annonce d’une centaine de dirigeants de stopper la déforestation d’ici 10 ans. Le souci, c’est que plus ou moins les mêmes pays s’étaient engagés à ne plus accepter la déforestation importée d’ici 2020 rappelle l’ONG Canopée. Ce sujet est donc décalé de 10 ans. Et l’Indonésie a reculé sur cet engagement alors qu’elle est l’un des pays les plus concernés par la déforestation.


Négatifs

Sur le sujet du financement de la transition des pays les plus pauvres et de l’indemnisation des conséquences climatiques pour d’autres, la COP de cette année a encore balayé du chemin un accord commun. Pourtant, depuis 2009 à la COP de Copenhague, 100 milliards de dollars annuels sont promis aux pays en voie de développement pour les aider à s’adapter d’ici 2020... Pour le moment les pays sont « exhortés » d’apporter cette aide jusqu’en 2025, sans indemnisations prévues pour les dommages causés par ce retard…



La décision sur les pertes et dommages est encore décevante. Les pertes et dommages relèvent d’une demande des pays du Pacifique notamment d’obtenir une aide financière urgente en conséquence des dommages causés d’ores et déjà par le réchauffement climatique. Lors d’un brouillon du Pacte de Glasgow, 138 pays en développement avaient soumis une proposition d’un mécanisme financier d’aide urgente « Glasgow Loss and Damage Facility » mais celle-ci a été retirée par l’Union Européenne, les Etats-Unis et le Royaume-Uni l'ont remplacée par la mention d’un « dialogue » entre les pays concernés.

Le sujet de la finance climat a été repoussé à la COP 27, pour l’année prochaine. Il a été demandé aux pays de réfléchir à une feuille de route pour l’adaptation du secteur et le financement de la transition. Certes, 450 acteurs financiers se sont engagés à viser la neutralité carbone d’ici à 2050 mais aucune contrainte n’a été fixée pour stopper les investissements dans les énergies fossiles. Malheureusement, la question du reporting extra-financier à l’échelle globale n’a pas non plus fait l’objet d’avancées lors de ce sommet.



 

A retenir

  • A en juger les perspectives d’augmentation de la température selon les engagements de neutralité carbone pris aujourd’hui (trajectoire 1.8°C), la COP 26 marque une amélioration par rapport à celle de 2015 à Paris (trajectoire 3.5°C).[4]

  • Les pays devront mettre à jour leur Contributions Déterminées au niveau National (CDN) tous les cinq ans, comme le prévoit l’accord sur les calendriers communs.

  • Si des engagements ont bel et bien été annoncés, ce ne sont que des promesses et comme la COP 26 ou les institutions règlementaires internationales n’imposent pas encore de sanctions si les engagements ne sont pas tenus, c’est encore insuffisant pour mener l’action concrètement. Il est temps d’exiger des plans détaillés des actions qui seront menées pour remplir les engagements d'aujourd'hui.

 

[1] L’Accord de Paris reconnaît la nécessité de limiter l’augmentation de la température à la surface de la Terre bien en dessous de 2° (et viser à la limiter à 1.5°C) par rapport au niveau de l’ère pré-industrielle afin d’éviter des conséquences humaines et environnementales sans précédent. Les engagements principaux pris par les signataires des Accords de Paris ont donc été : la réduction des émissions de gaz à effet de serre ; le développement des énergies renouvelables ; le soutien aux pays sous développé ou en voie de développement dans la lutte contre les conséquences du changement climatique. [2] Rapport du GIEC d'Août 2021 [3] Le marché du carbone correspond au système d’échange de quotas d’émissions de gaz à effet de serre à destination des pays et des entreprises. Un pays émetteur pourrait acheter des quotas carbones à un pays moins émissif, sur le principe du pollueur payeur. [4] Source : Climate Action Tracker



Sources utilisées :

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